Fragiles reflets !
Strasbourg, une belle façade en trompe-l’œil dans la rue Gutenberg.
La restauration du patrimoine rencontre souvent des écueils inattendus.
Regardez bien sur cette belle façade les reflets produits par les vitres de ces fenêtres. Bizarre non ? En fait, et vous l’aviez deviné, certains carreaux sont de fabrication ancienne, en verre soufflé, sans doute de la fin du XIXe siècle, alors que les autres ont été remplacés par des matériaux industriels contemporains.
Au Moyen-Age les vitres étaient souvent fabriquées avec le procédé «Crown». Le souffle du verrier est alors le seul moyen pour former les manchons qui étaient ensuite déroulés pour former des vitres, et ce pratiquement jusqu’à l’Exposition universelle de Paris de 1889. Un bloc de verre fondu était roulé, soufflé, aplati, et finalement mis en rotation dans un disque avant d'être coupé en vitres.
Observez donc autour de vous, dans les quartiers historiques, ces carreaux qui donnent un cachet vraiment particulier et inimitable à ces façades. Autre calamité «vitrière», le remplacement systématique des fenêtres anciennes par des matériaux modernes, souvent en PVC… Pour en faciliter l’entretien, il n'y a plus qu’une seule grande vitre, sans séparation. A Strasbourg, dans certaines parties historiques de la ville, c'est hélas le cas, et des fenêtres qui par exemple, étaient composées de douze petits carreaux n’en ont plus que deux grands, ce qui n’a évidement rien à voir d’un point de vue esthétique.
Et c’est ainsi qu’insidieusement, on défigure notre patrimoine…